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Page:Varley - Une jeune fille à la page, 1938.djvu/107

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Elle me pousse.

— Va ! va vite ! J’attendrai devant la porte pour que personne ne te dérange.

Seulement, quand je sors, elle n’est plus là et les gémissements ont repris de plus belle, auxquels se mêlent les siens.

Chelsea. La porte noire entrebâillée ; l’escalier qui tourne ; un studio magnifiquement éclairé qui donne sur la Tamise.

Me voilà devant Vassili ; je le regarde.

Est-ce sa jolie petite gueule qui m’inspire, son air tendre, mais je me sens sentimentale, prête à tous les lyrismes. Je lui dis tout à coup, émue :

— Ça ne doit pas être gai, n’est-ce pas, pauvre petit, cette vie que vous menez ?… J’ai idée que vous ne devez pas être heureux tous les jours, hein ?… Et pourtant, joli garçon comme vous êtes… Ça serait gentil de vivre un peu désintéressé !… Vous ne sentez pas la douceur de cette journée ?… Est-ce que ça ne vous fait pas envie, l’amour, le simple amour ?… Comme ça serait bon d’avancer ensemble sur cette route ensoleillée !… Ah ! la vie peut être belle, vous savez !…

Je m’emballe, je m’exalte.

— Tenez, regardez dans la glace, le joli couple que nous faisons ! Quand je vous ai vu, j’ai pensé tout de suite à cela. Ah ! vous valez mieux que vous n’en avez l’air ! Mieux que vous ne le croyez vous-même ! Oui, il est impossible qu’au