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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/116

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LES DEMI-SEXES

Et, depuis, il était possédé comme les dévots doivent l’être du diable !

L’amour est toujours l’amour, mais il a, suivant les individus, ses étrangetés, ses particularités et ses folies diverses. Si, par de certains côtés, par la spontanéité, la vivacité et le coup de foudre, la passion de Julien était la passion de tout le monde, elle lui était propre par une nuance rare : il aimait peut-être plus encore par le cœur que par les sens. C’était moins la femme qui lui parlait dans Camille que le caractère incompréhensible.

Cependant, elle était la forme vivante et la vie charmante de sa chimère ; elle était son imagination personnifiée, la créature de son rêve, traduite et glorifiée en une chair exquise.

Nature délicate et distinguée, Julien possédait, à un degré aigu, le tact sensitif de l’impressionnabilité. Il y avait en lui une perception presque douloureuse des choses de la vie. Partout où il allait, il était affecté, comme par une atmosphère, des sentiments qu’il rencontrait ou qu’il dérangeait. Il sentait dans l’air les sympathies ou les hostilités, les bonnes ou les mauvaises nouvelles. Et toutes ces perceptions intérieures étaient si bien en lui