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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/141

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LES DEMI-SEXES

occupée de minimes détails. Il aimait à lui voir retirer sa toque de plumes et son long manteau doublé d’hermine. Il lui offrait des friandises et du vin d Espagne. Il se plaçait à côté d’elle devant le feu vif de la cheminée, buvait dans son verre, choisissant la place où elle avait posé ses lèvres. Et, quand il sentait si près de lui cette adorable jeune fille dont la beauté devenait célèbre, cette Camille si fière qui le rendait l’objet de toutes ses attentions, de toutes ses coquetteries, sa voluptueuse félicité devenait presque de la souffrance, tant il craignait de la voir finir.

Ils se faisaient mille caresses, se donnaient mille baisers, et, pour prolonger son extase, il eût volontiers troqué deux années de sa vie contre chacune des heures qu’elle voulait bien lui accorder.

Il avait rompu avec ses habitudes studieuses d’autrefois. Il allait fréquemment dans le monde pour y rencontrer sa maîtresse, et il tâchait, pour l’éblouir, de surpasser en apparence les fats et les héros de coterie qui paradaient devant elle. Le bonheur lui avait donné de l’assurance ; il écrasait ses rivaux, passait pour un jeune homme plein de séductions, prestigieux, irrésistible. Les psychologues di-