Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
LES DEMI-SEXES

saient en le voyant : « Un garçon aussi habile fera son chemin par les femmes ; c’est le plus sûr moyen aujourd’hui. » Ils vantaient charitablement sa rouerie aux dépens de son honnêteté. Il était, pourtant, bien amoureusement stupide en présence de Camille ! Seul avec elle, il ne savait plus que balbutier sa tendresse. Il était, parfois, tristement gai comme un courtisan qui craint de déplaire. Il essayait de se rendre indispensable à sa vie, à sa joie, à sa vanité. Il semblait un jouet, un esclave, sans cesse à ses ordres, et elle était vraiment le mâle de cet accouplement. Il employait tout son temps, ses efforts, sa science d’observation à pénétrer plus avant dans l’impénétrable caractère de sa maîtresse. Jusque-là l’espérance et l’orgueil du succès avaient influencé son opinion ; il voyait en elle, tour à tour, la femme la plus sentimentale ou la plus rieuse de son entourage.

Ce soir là, après l’avoir attendue toute la journée, il connut le vrai désespoir. Les projets les plus insensés traversèrent son cerveau. Il ne dormit pas et passa la nuit à se tourner, et à se retourner dans ses draps.

Vers neuf heures du matin, miss Ketty, qui était maintenant la confidente de leurs entre-