Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
LES DEMI-SEXES

les hommages, les agenouillements, les soumissions et les prières devant l’autel de ma beauté. Une fois enrégimenté dans mon troupeau d’adorateurs, on m’appartient de par droit de conquête. Je gouverne avec une adresse savante, suivant les défauts, les qualités, la nature des jalousies, et je reste, au moral, indifférente et glacée. Jamais, vois-tu, jamais je n’ai subi aucun entraînement d’imagination… Je méprise trop pour cela !…

— Oui, murmura Camille, j’ai suivi les conseils… Julien Rival en mourra peut-être.

— Laisse-le faire. C’est la consécration définitive de ta puissance, ma mignonne ! Tant qu’un homme ne s’est pas tué pour nous, il manque quelque chose à notre gloire.

— Julien fera cette dernière sottise, s’il en a envie… Je ne réponds plus à ses lettres… il m’obsède !

— Bien.

— Mais il en reste un dont je ne puis me débarrasser ! Et, si tu savais combien je le hais, celui-là ! Combien tout mon être se révolte à la seule pensée de ses caresses !…

— Philippe ?… En effet, il faut le subir pour acheter son silence…

— Je suis donc quand même obligée de