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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/209

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LES DEMI-SEXES

Je ne suis qu’un pauvre travailleur que les belles dames dédaignent généralement. Le logis est modeste, comme vous voyez, et peu digne de l’honneur que vous lui faites.

Assez froidement, il lui indiquait un divan dans un coin de l’atelier.

Il y avait là des groupes de plâtre, des bustes commencés recouverts de linges humides ; par terre, des seaux d’eau, de la terre gâchée. Les murs ne montraient que quelques esquisses d’amis, des pochades de plein air, des armes anciennes accrochées au hasard. Un grand jour cru tombait sur tout cela. Après un moment de silence, elle exposa le but de sa démarche.

— C’est pour un buste, dit-elle.

— Un buste ?… Je n’ai guère le temps en ce moment.

— Oh ! ce ne sera pas long… Je voudrais… faire une surprise à ma grand’mère.

— C’est de vous qu’il s’agit ?…

— Oui, monsieur.

Pour la première fois il parut l’examiner avec quelque intérêt.

Un peu sèchement, elle reprit :

— Me refuseriez-vous ?…

Il hésita, puis, sembla prendre une décision.