Aller au contenu

Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
LES DEMI-SEXES

le ciel ?… » Mais, elle eut honte de sa faiblesse. « Aurait-elle donc moins de volonté que Nina qui, tout de suite, s’était décidée ?… Ne lui avait-on pas dit que, pour elle, en raison même de sa grande jeunesse, les risques ne seraient pas graves ? Qu’avait-elle donc à s’émouvoir ainsi ?… »

De plus en plus ses dents s’entre-choquaient dans sa bouche avec un petit bruit sec. Elle se fatiguait la pensée à imaginer les moindres détails du supplice, et son corps vibrait, parcouru de tressaillements saccadés ; elle serrait les lèvres pour ne pas crier, avec un besoin fou de s’agiter, de courir, de briser quelque chose. Un petit flacon d’eau de mélisse était sur la cheminée ; elle le saisit et le vida d’un trait. Une chaleur pareille à une flamme lui brûla aussitôt l’estomac, se répandit dans ses membres, raffermit son âme en l’étourdissant. La peau soudain brûlante, les membres plus souples, elle se recoucha vers le matin, s’en dormit, enfin, d’un lourd sommeil.

Lorsque Nina vint la chercher, quelques heures plus tard, elle avait oublié ses terreurs de la veille.

— Cela va bien ? demanda la jeune femme après l’avoir embrassée.