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Page:Vaudere - Les Demi sexes.pdf/89

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LES DEMI-SEXES

dences de pension, le premier souffle sensuel qui déflore la pureté des vierges.

Ce que les femmes mettent autour de l’homme qui les a possédées : les mots aimants, les imaginations d’affection pieuse, rien de tout cela n’existait chez elle. L’amant n’était pour Nina qu’un jouet, et une passion d’homme lui paraissait uniquement une chose défendue, illicite, curieuse et drôle, une chose excellente pour l’amusement et l’ironie. Son sourire, dans l’intimité, était toujours moqueur et impertinent. Elle avait presque de la cruauté aux deux coins de ses lèvres rouges, si bien faites, cependant, pour le baiser. Sur son beau visage, dans ses traits expressifs se mêlaient la décision, la crânerie, l’énergie et l’insouciance, toutes sortes de sensations vives que tempérait, à de certains moments, un air de câlinerie féline. Avec ses cheveux noirs luisants, son costume presque masculin, elle était charmante et terrible à la fois, dans son inquiétante séduction.

Nul, d’ailleurs, n’avait encore surpris le secret de sa vie, et ses manières avaient assez de correction pour ne choquer personne. Depuis son veuvage on la recevait partout, sans chercher à approfondir le côté mystérieux