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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/100

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— 1800 - 1807 —

donc en lui moins le collègue que le confident, l’organe du chef du Pouvoir, se montrèrent dociles à son invitation, et votèrent sur-le-champ une Adresse où ils disaient :


« Citoyen Premier Consul, vous vous devez à la patrie ; vous n’êtes point le maître de négliger votre existence ; vous n’aurez assuré ni votre vie, ni votre ouvrage, si vous n’y joignez pas des institutions tellement combinées que leur système vous survive. Vous fondez une ère nouvelle ; vous devez l’éterniser ; l’éclat n’est rien sans la durée.

« Le Sénat, citoyen Premier Consul, vous parle ici au nom de tous les citoyens ; tous vous admirent et vous aiment ; mais il n’en est aucun qui ne songe souvent avec anxiété à ce que deviendrait le vaisseau de la République s’il avait le malheur de perdre son pilote avant d’avoir été fixé sur des ancres inébranlables. Dans les villes, dans les campagnes, si vous pouviez interroger tous les Français l’un après l’autre, il n’y a aucun d’eux qui ne vous dît avec nous : « Grand homme, achevez votre ouvrage en le rendant immortel comme votre gloire ! Vous nous avez tirés du chaos du passé ; vous nous faites bénir les bienfaits du présent ; garantissez-nous l’avenir ! »

Après avoir entendu la lecture de cette Adresse, et promis au Sénat « de réfléchir sur les considérations qu’il venait de lui présenter, » Bonaparte se hâta de soumettre les observations de cette Assemblée au Conseil d’État, dans plusieurs séances que lui-même prit le soin de présider. Y avait-il nécessité d’assurer l’hérédité dans le pouvoir suprême ? quel titre servirait à désigner cette autorité héréditaire ? Telles étaient les questions posées par Bonaparte à chacun des conseillers. La discussion n’eut pas le résultat qu’il en attendait : vingt-sept membres, la plupart anciens conventionnels, assistaient à ces délibérations sept opinèrent pour l’ajournement de toute décision ; un huitième, le conseiller Berlier, déclara que, poser la question d’hérédité dans le Pouvoir, était faire un pas rétrograde et aller contre le but de la Révolution ; d’autres ajoutèrent que c’était rouvrir la porte aux Bourbons. On se sépara à la quatrième séance sans avoir rien décidé.

Pendant ce temps, M. de Talleyrand, Fouché et quelques autres personnages, ouvraient chez eux des conférences où,