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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/99

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— 1800 - 1807 —

raient dans les masses toute suspicion d’un retour à l’ancien régime, voilà ce que voulait Bonaparte. Pour arriver à cette reconstitution du trône, il n’avait pas à obtenir un pouvoir plus étendu, mais un simple titre : or, par un singulier concours de circonstances, ce fut la conjuration de Georges et de Pichegru, ce complot où les partisans de l’ancienne famille royale avaient placé leur dernière espérance, qui lui fournit précisément l’occasion de réaliser le changement qu’il ambitionnait.

Tous les corps constitués de Paris, dans leurs félicitations à Bonaparte sur la découverte de cette conspiration ; toutes les autorités des départements, dans leurs Adresses, dominés par une même pensée, ou plutôt obéissant à un même mot d’ordre, le sollicitaient à l’envi d’ôter tout espoir aux conspirateurs, de rassurer la France, d’asseoir définitivement la stabilité du nouvel état politique, en fondant le gouvernement sur la perpétuité d’une famille. Bonaparte recevait ces vœux sans les accueillir ni les repousser ; ils répondaient à sa pensée, à son plus ardent désir ; mais, comme au 18 brumaire, il voulait s’abriter derrière les pouvoirs légaux, paraître les laisser librement agir, et il attendait, non sans une vive impatience, que les grands corps politiques de l’État fissent de ce changement l’objet d’une proposition, puis d’une résolution formelle. Enfin le Sénat prit l’initiative. Quelques membres ayant proposé à cette Assemblée de féliciter, à son tour, le Premier Consul sur le péril auquel il venait d’échapper, Fouché, lors de la mise en délibération du projet d’Adresse, demanda la parole le premier, et s’écria : que des compliments ne suffisaient pas ; que la France avait besoin de sécurité, et qu’elle ne pouvait espérer le repos que dans des institutions qui garantiraient l’existence du gouvernement au delà même de la vie de son chef actuel. Fouché allait chaque jour à Saint-Cloud ; et se vantait, à tout venant, de posséder la confiance du Premier Consul ; les sénateurs, voyant