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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/107

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— 1800 - 1807 —

qu’on vient de lire, il comprit enfin l’impossibilité, au moins momentanée, de continuer la lutte. Mais, avant de quitter la scène politique, avant de s’enfermer dans la retraite à laquelle le condamnait l’abandon de tous les souverains ainsi que le délaissement de son propre parti, il crut nécessaire de plaider encore une fois sa cause, de parler, non plus aux rois seulement, mais à la France, et de tourner contre Bonaparte lui-même l’arme avec laquelle ce dernier venait de le frapper. Napoléon, en élevant son trône impérial, s’éloignait de la Révolution et revenait à l’ancien régime ; Louis XVIII eut la pensée de s’éloigner, au contraire, de la vieille Monarchie et de se rapprocher de la Révolution. Le nouvel Empereur créait des maréchaux, des ordres de chevalerie, et marchait ouvertement au plus absolu despotisme ; le prince de vieille race prit la détermination de parler désormais à la France de constitution, de droits et de liberté. C’était tout un changement de système, toute une révolution dans la politique du chef des Bourbons. Pour que cette transformation, dont nous ne discuterons pas la sincérité, fut acceptée comme sérieuse, une déclaration, un acte isolé, ne suffisaient pas ; il fallait une démarche ayant toute la solennité d’une déclaration de famille. Louis XVIII écrivit donc au comte d’Artois pour lui démontrer la nécessite d’un acte collectif, et lui assigna la ville de Grodno, en Lithuanie, comme le lieu le plus favorable pour leur entrevue.

Tandis que le Prétendant songeait enfin à entrer dans cette voie de concessions politiques qui, à dix ans de là, devait faciliter son retour aux Tuileries, les gens de son entourage, dans leurs loisirs, cherchaient les moyens de rappeler sur ce prince l’attention et l’intérêt de l’Europe. Les complots ourdis contre la vie de Bonaparte avaient fait grand bruit : ces tentatives odieuses, blâmées partout, avaient porté une grave atteinte aux sympathies auparavant acquises aux chefs du parti royaliste. Les abbés et les gentilshommes de la petite cour