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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/113

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— 1800 - 1807 —

Une fois installé dans son ancienne demeure, Louis XVIII rédigea son dernier manifeste. La proclamation qu’il avait envoyée à Pichegru, quelques semaines avant le 18 fructidor, ne contenait que des promesses de réforme à l’ancienne Constitution de la Monarchie. Il se décida, cette fois, à accepter nettement les faits accomplis. Sa déclaration nouvelle ne contenait pas seulement amnistie entière pour tous les votes, pour tous les actes antérieurs à 1804, ainsi que l’engagement de conserver à chaque Français ses grades, ses emplois, ses pensions ; elle garantissait, en outre, la liberté et l’égalité pour les personnes, le maintien de toutes les propriétés et la protection de tous les intérêts sans exception. Après avoir ainsi reconnu et assuré tous les résultats matériels de la Révolution, Louis XVIII finissait en ces termes :

« Au sein de la mer Baltique, en face et sous la protection du ciel, fort de la présence de notre frère, de celle du duc d’Angoulême, notre neveu, de l’assentiment des autres princes de notre sang, qui tous partagent nos principes et sont pénétrés des mêmes sentiments qui nous animent, nous le jurons ! jamais on ne nous verra rompre le nœud sacré qui unit nos destinées aux vôtres, qui nous lie à vos familles, à vos cœurs, à vos consciences ; jamais nous ne transigerons sur l’héritage de nos pères, jamais nous n’abandonnerons nos droits. Français ! nous prenons à témoin de ce serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge toutes les justices !

Donné à Mittau, le 2 décembre de l’an de grâce 1804, et de notre règne le dixième. Signé : Louis. Et plus bas : Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims, et comte d’Avaray. »

Cette déclaration, imprimée à Hambourg, en petit format in-32, au nombre de dix mille exemplaires, par les soins du sieur Fauche-Borel, que le comte d’Avaray chargea de cette opération, fut répandue sur tout le continent et envoyée en France, par la poste, à toutes les autorités constituées, ainsi qu’aux plus notables habitants de chaque département. Elle est la dernière manifestation publique de Louis XVIII pendant son séjour à l’étranger. On ne connaît de ce prince, du-