Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
— 1800 - 1807 —

rant les huit années qui suivirent, que des notes, des correspondances sans caractère officiel. Quelques-uns de ces documents confidentiels présentent toutefois un intérêt historique réel. Nous citerons, entre autres, une lettre que Louis XVIII, quinze mois après son retour à Mittau, écrivait à Fauche-Borel, à l’occasion de nouvelles instructions et de nouveaux pouvoirs sollicités par cet ancien imprimeur, dans le but de nouer, en France, de nouvelles intrigues ; en voici les principaux passages :

« Depuis le commencement de la Révolution, tout en France et au dehors tourne dans un cercle vicieux. Chez l’étranger on croit, d’une part, qu’il n’y a rien à faire pour moi ; on craint, en me mettant en avant, de se compromettre pour moi si l’on ne réussit pas, et de nuire, si l’on réussit, à des projets ambitieux ultérieurs.

En France, cette conduite des puissances a inspiré contre elles une méfiance qu’on ne peut dire mal fondée, mais qui, cependant, a des effets funestes ; il en résulte un découragement, une inertie, qui, de plus en plus, creusent l’abîme.

Placé entre deux partis, je leur crie également : Vous vous trompez ! Mais, d’une part, ma voix n’est pas entendue ; de l’autre, elle n’est pas écoutée. Je sais bien que si je pouvais me montrer, me rapprocher seulement, cela serait très-utile ; mais les puissances n’y consentent pas, parce que la chose leur parait au moins superflue. Je sais également qu’en France un mouvement leur ouvrirait les yeux ; mais ce mouvement ne s’opère pas, parce qu’on n’en ose pas même espérer le succès, d’après l’opinion qu’on a des puissances et de moi-même. Voilà le cercle vicieux dont je parlais tout à l’heure.

Quelles instructions puis-je donner ? Quels pouvoirs puis-je départir ? Qui en revêtirai-je ? On demande que je parle de nouveau : à qui ? Comment ? En quel langage ? Tout, d’ailleurs, est renfermé dans ma déclaration. S’agit-il d’un militaire : conservation du grade, de l’emploi, avancement proportionné aux services, tout est assuré. Veut-on aborder un administrateur : son état sera maintenu. Un homme du peuple : la conscription, cet impôt personnel, le plus onéreux de tous, sera abolie. Un nouveau propriétaire : je me déclare le protecteur des droits et des intérêts de tous. Un coupable enfin : les poursuites sont défendues, une amnistie générale est annoncée.

Quelle plus ample instruction peut-on recevoir ? Des pouvoirs sont inutiles ; le zèle suffit pour prêcher une pareille doctrine ; ce sont des