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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/115

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— 1800 - 1807 —

missionnaires qu’il faut en ce moment. Les pouvoirs sont seulement nécessaires pour traiter, et nous n’en sommes pas là ... »

Cette lettre remarquable, qui porte la date de Mittau, 22 mars 1806, complète l’analyse que nous avons donnée de la déclaration du 2 décembre 1804, et confirme ce que nous avons dit du changement survenu dans les opinions et dans la politique de Louis XVIII ; ses illusions, comme on le voit, ont cessé ; il reconnaît le néant de sa cause ; la lutte ne lui semble plus possible, et il confesse qu’avant de prétendre remuer un parti en son nom il faudrait d’abord lui créer des partisans. Les royalistes semblaient, en effet, avoir disparu de la France ; on pourra juger, du moins, du profond oubli où les Bourbons y étaient tombés, par le tableau suivant qu’a tracé de l’opinion publique, à cette époque, un des meilleurs et des plus fidèles ministres de Napoléon, esprit calme, caractère élevé, dont les sentiments n’étaient nullement hostiles aux princes de l’ancienne famille royale. Le Cabinet de Berlin venait alors de rompre brusquement avec Napoléon ; la Russie joignait ses armées aux armées de la Prusse ; dans tous les salons de Paris, mais surtout chez les représentants des cours étrangères, on n’entendait prophétiser que des catastrophes ; l’Empereur était pris au dépourvu, disait-on ; la campagne qui allait s’ouvrir serait le terme de sa fortune.

« On voyait tourbillonner, autour des ministres étrangers, un essaim de Français de l’espèce de ceux qui ne savent et ne veulent qu’exploiter à leur seul profit tous les événements publics, a dit le ministre à qui nous empruntons ce tableau. La plupart étaient déjà parvenus à se faire leur part dans ce qu’ils appelaient la fortune de Napoléon ; mais ils voulaient, quoi qu’il arrivât, mettre cette part en sûreté ; ils partageaient leurs journées et leurs soins entre les agences diplomatiques dont ils prenaient les vœux pour des oracles, et les membres de la famille de Napoléon, devant lesquels ils se montraient et paraissaient toujours les plus dévoués des serviteurs. J’en pour-