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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/117

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— 1800 - 1807 —

comme eux, dans les désastres de la France. Mais je ne vis que des gens qui tenaient leur dévouement en réserve au profit du pouvoir qui surviendrait, quel qu’il fût[1]. »

Le second séjour du Prétendant à Mittau ne dura que trois ans. Alexandre, après avoir débuté, comme son père, par une sorte de neutralité entre le gouvernement anglais et la France, s’était, à son exemple, décidé à combattre, non plus la République, mais l’Empire. Les deux journées de Berghem et de Zurich avaient contraint Paul Ier de traiter avec le Premier Consul Bonaparte ; les défaites d’Austerlitz, d’Eylau et de Friedland, obligèrent Alexandre de devenir, à son tour, l’allié de Napoléon. La conduite des deux tzars, après la paix, fut toutefois différente. Paul avait chassé le Prétendant de Mittau au moment le plus rude de l’hiver ; Alexandre se contenta de lui faire insinuer que sa présence en Courlande pourrait gêner ses rapports avec son nouvel allié. Louis XVIII comprit qu’il devait chercher un nouvel asile. Le continent européen tout entier lui était fermé ; il n’avait plus à choisir qu’entre le Nouveau-Monde et l’Angleterre ; il se décida pour l’hospitalité britannique. Parti encore une fois de Riga, vers le milieu d’octobre 1807, il se fit d’abord débarquer au port suédois de Gottenbourg. Lorsque son arrivée fut connue à Stockholm, le roi de Suède s’empressa de le faire complimenter et de mettre à sa disposition la frégate la Fraya[2]. À deux semaines de là,

  1. Mémoires d’un ministre du Trésor, t. II, IIIe partie. Imprimés en 1845, sous ce simple titre, sans nom d’auteur, ces Mémoires, qui renferment l’histoire financière de la France depuis 1785 jusqu’en 1815, sont du comte Mollien ; ils n’ont pas été publiés ; on n’en a tiré que quelques exemplaires, qui ont été donnés aux amis de cet ancien ministre.
  2. Le roi de Suède, à cette époque, était ce Gustave IV que ses sujets, à dix-huit mois de là (29 mars 1809), devaient déposer et renvoyer pour jamais de son royaume. Il est mort, il y a peu d’années, dans un cabaret de la Suisse. Ce monarque découronné fut longtemps l’adversaire le plus persistant et la plus résolu de la Révolution française. Il vivait, dans les dernières époques de sa vie, des émoluments de nous ne savons quel obscur emploi qu’il devait à la munificence de l’empereur d’Autriche.