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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/126

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— 1800 - 1807 —

mariage de Monsieur Bonaparte avec une archiduchesse d’Autriche, petite-nièce de Marie-Antoinette et de Louis XVI, union qui allait non-seulement mêler le sang plébéien du chef de l’Empire au sang des vieilles races royales de l’Europe, mais le rendre le proche allié de la famille même de Bourbon. Cet événement avait un autre résultat : il achevait de rallier l’ancienne noblesse au nouvel ordre de choses ; le petit nombre de familles demeurées jusqu’alors fidèles à la cause royale l’abandonnaient à leur tour ; toutes avaient des représentants dans la cour nouvelle, et, en lisant le compte rendu de la cérémonie du mariage, en parcourant la liste des personnes qui y figuraient, soit avec des dignités de Palais, soit comme attachées aux maisons de l’Empereur et de la nouvelle impératrice, Louis XVIII y trouva tous les noms dont le trône de la vieille Monarchie était le plus constamment et le plus étroitement entouré. Les progrès de cette désertion sont assez curieux à suivre sur les almanachs nationaux et impériaux publiés depuis 1802.

L’Almanach national de 1802 (an X) ne renferme pas un seul nom de l’ancienne cour ; mais on y découvre, cachés dans les emplois secondaires des différentes administrations, sous la qualification commune de citoyen, bon nombre de gens appartenant au peuple de la gentilhommerie. L’invasion des anciens privilégiés dans les fonctions publiques est plus marquée dés 1803 (an XI) : on les voit arriver dans les sous-préfectures, dans les préfectures ; l’administration des eaux et forêts en est, pour ainsi dire, toute peuplée ; le corps diplomatique compte dans ses rangs un la Rochefoucauld, chargé d’affaires à Dresde, et un Salignac-Fénelon, deuxième secrétaire de légation en Suède. Le titre de citoyen est toujours le seul en usage. L’Almanach national de 1804 (an XII) constate un progrès toujours croissant dans la transformation des anciens royalistes ; ils continuent à envahir toutes les administrations de la République. La forme du gou-