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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/131

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— 1800 - 1807 —

contentement de l’ancienne noblesse, mécontentement qui laissa subsister au sein de l’Empire le ferment royaliste que l’on vit se produire et se développer aux premiers jours d’avril 1814.

La présence, aux cérémonies du mariage impérial, d’un nombre considérable d’anciens privilégiés, dont les noms étaient dépouillés de toute espèce de titre ou précédés de nouvelles qualifications nobiliaires, frappa l’attention d’un des seigneurs alors réunis dans le salon de Louis XVIII. Il n’y comprenait rien. Après quelques instants de profonde réflexion, le noble personnage adressa la parole au roi et lui dit : « Mais tout ce que vient de nous lire Votre Majesté ne serait-il pas un mensonge du Moniteur ? Le journal de Bonaparte ne donne aucun titre à un grand nombre de nos amis qui sont ducs, vicomtes, marquis, ou bien il les appelle comtes et barons ; cela me semble louche ; un gentilhomme n’oublie pas ainsi ses titres. Tous ces nouveaux Messieurs des Tuileries ne seraient-ils pas autant de mauvais sujets que Bonaparte aurait affublés de beaux noms, dans le but de singer la Monarchie tout en déconsidérant l’ancienne noblesse ? » Plusieurs des assistants accueillirent l’explication. Louis XVIII sourit avec tristesse, congédia tout le monde et resta quelques jours enfermé dans son cabinet, repoussant toute espèce de visite. À peu de temps de là, il réunit sa petite cour et offrit de demander des passeports au gouvernement anglais pour tous ceux qui voudraient rentrer en France.

Ce mariage, qui semblait au Prétendant l’arrêt irrévocable de la déchéance de sa race, fut précisément une des causes les plus actives de la chute du trône impérial. Voici en quels termes Napoléon lui-même s’est expliqué à Sainte-Hélène sur cette union : « Un fils de Joséphine m’eut été nécessaire ; mon divorce n’aurait pas eu lieu ; je serais encore sur le trône ; je n’aurais pas mis le pied sur l’abîme couvert de fleurs qui m’a perdu. » L’Empereur évidemment exagère l’influence de cette