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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/136

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— 1800 - 1807 —

combats qui suivirent. Voici la lettre que M. de Noailles remit entre les mains d’Alexandre :

« Le sort des armes a fait tomber dans les mains de Votre Majesté Impériale plus de cent cinquante mille prisonniers ; ils sont la plus grande partie Français. Peu importe sous quels drapeaux ils ont servi ; ils sont malheureux : je ne vois parmi eux que mes enfants ; je les recommande à Votre Majesté Impériale. Qu’elle daigne considérer combien un grand nombre d’entre eux ont déjà souffert, et adoucir la rigueur de leur sort ! Puissent-ils apprendre que leur vainqueur est l’ami de leur père ! Votre Majesté ne peut pas me donner une marque plus touchante de ses sentiments pour moi. »

Nous regrettons de le dire : les sentiments d’humanité exprimés dans cette lettre par le chef des Bourbons n’avaient pour but que de solliciter le souvenir d’Alexandre. Si Louis XVIII avait ressenti aussi profondément qu’il le disait les misères de nos prisonniers de guerre, il n’aurait pas eu besoin, pour exercer sa médiation pieuse, d’attendre aussi longtemps ni de parler d’aussi loin. Chaque semaine, chaque jour, des marins français, enfermés sur les pontons des rades et des ports d’Angleterre, périssaient victimes d’un abominable système de destruction, combiné de sang-froid par le gouvernement britannique, et organisé avec une science si parfaite des phénomènes de la vie, que plusieurs mois de séjour dans ces réduits infects suffisaient pour briser la constitution la plus énergique. Les cris de détresse poussés par ces malheureux durent arriver jusqu’à lui. S’en inquiéta-t-il une seule fois ? On a raconté les moindres actions de ce prince et des membres de sa famille durant les longues années qu’ils ont passées sur le sol anglais ; nulle part, malgré d’attentives recherches, nous n’avons trouvé la moindre trace, nous ne dirons pas d’une démarche, mais d’une pensée même ayant pour objet l’adoucissement des tortures infligées, par l’oligarchie anglaise, à nos matelots prisonniers.

Alexandre ne répondit pas à la lettre que lui remit M. de Noailles ; quelques compliments sans portée, des assurances