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— 1800 - 1807 —

dans cette île, où lui-même fixa définitivement sa résidence. Ce séjour le mettait, pour ainsi dire, en contact avec l’Espagne. Tant que la lutte entre la population espagnole et les troupes impériales parut incertaine, le duc se borna au rôle de spectateur ; mais lorsque la création de nombreux corps d’armée dirigés par une régence de gouvernement et par une assemblée nationale, et appuyés sur une armée anglaise, vinrent donner des chances probables de succès à la résistance, alors le duc d’Orléans crut devoir offrir le secours de son épée à l’insurrection. Était-ce dans des vues d’ambition personnelle ou dans l’intérêt seul de sa race ? On serait tenté de pencher pour la première hypothèse ; car, débarqué d’abord à Tarragone, où sa personne et ses prétentions au commandement d’une armée espagnole destinée à pénétrer en France furent assez mal accueillies, il se rendit à Cadix, siége des cortès ainsi que de la junte directrice, et, là, il fit solliciter ou laissa demander pour lui la régence du royaume. Les cortès répondirent à cette ouverture en faisant signifier au duc l’ordre de quitter le territoire espagnol dans les vingt-quatre heures. Ce fut, dit-on, l’ambassadeur anglais qui dicta cette réponse. Cet agent, dans ce cas, obéit probablement à des instructions formelles de son Cabinet, instructions que, très-probablement aussi, la petite cour d’HartweIl, alarmée par le rôle à part que semblait vouloir jouer le duc d’Orléans, avait elle-même provoquées.

Les passions de Napoléon, à l’époque où nous arrivons ; les fautes de ses lieutenants amollis ou lassés ; l’épuisement de la France et l’éparpillement insensé des forces qui lui restaient ; l’irritation et le soulèvement de ces populations allemandes que la conquête impériale avait si souvent abattues et si longtemps foulées, toutes ces causes avançaient l’heure de la chute de l’Empire bien plus vite et bien plus sûrement que n’aurait pu le faire le maintien du chef de la branche cadette de Bourbon à la tête de l’insurrection espagnole.