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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/139

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— 1813 —

1813. — Paris et la France étaient encore sous le coup de la consternation causée par la publication du sinistre bulletin qui annonçait les désastres de la retraite de Russie, lorsque, le 18 décembre 1812, au milieu de la nuit, Napoléon, que les dernières nouvelles laissaient dans la Pologne russe, était soudainement arrivé aux Tuileries. Parti de la petite ville lithuanienne de Smorgonié, sans aucune suite, avec le seul duc de Vicence, son grand écuyer, il ne s’était arrêté que quelques heures à Varsovie, et avait poursuivi sa route sans se faire reconnaître dans aucun lieu, ne séjournant nulle part, traversant, non sans péril, la Pologne citérieure déjà parcourue par de nombreux partis de Cosaques ; la Prusse, qui quittait ses drapeaux pour passer sous ceux de la Russie ; le reste de l’Allemagne prête à se soulever, et, durant ce trajet de quatre cents lieues, livré, pour ses moyens de transport, aux seules ressources que le hasard ou la présence d’esprit de son compagnon de voyage pouvaient lui procurer. « Jamais retour n’avait été plus imprévu, a dit celui de ses ministres que nous avons déjà cité. L’Empereur ne voulut pas que la surprise sortît des Tuileries avant le jour, et ce ne fut que le matin, à huit heures, que je fus instruit de son arrivée par l’ordre qu’il me fit donner de me rendre auprès de lui. Je trouvai dans le premier salon un des grands officiers du Palais, qui me dit que l’Empereur avait voulu me demander quelque bon copiste de mes bureaux, parce qu’il n’avait personne pour écrire sous sa dictée, mais qu’il en essayait un, depuis deux heures, et que, déjà, il avait expédié un grand nombre de dépêches. Ses secrétaires n’avaient, en effet, pu le suivre, et ni le ministre des affaires étrangères, le duc de Bassano, ni le ministre d’État, le comte Daru, n’étaient auprès de lui.

Je n’avais encore vu Napoléon revenir dans sa capitale que triomphant ; dans ces occasions, il répondait ainsi, dans