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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/154

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— 1813 —

ce souverain pût le tromper, et sacrifier les intérêts de sa fille, de son petit-fils, à la vénalité de ses conseillers, à la rivalité jalouse d’Alexandre, à la vengeance du roi de Prusse, et à la haine ardente, implacable, du gouvernement britannique. Ces illusions, triste fruit de sa seconde union, l’emportèrent sur les conseils de la prudence la plus vulgaire : au lieu de recommencer la lutte lorsque l’Autriche était encore hors d’état d’y jeter le poids de ses masses, il accepta, le 30 juin, la médiation de cette puissance ; et, consentant à ce qu’un congrès s’ouvrît à Prague, il prorogea l’armistice jusqu’au 10 août.

L’ouverture du congrès de Prague eut lieu le 5 juillet. Les plénipotentiaires de toutes les puissances intervenantes furent exacts au rendez-vous, moins les nôtres. Les préliminaires furent longs. Un grand nombre de séances se passèrent à discuter la forme et les termes d’inutiles protocoles : ces formalités remplies, on posa des principes généraux dont chaque expression devint le prétexte de notes interminables ; puis l’Autriche, à titre de médiatrice, demanda en son nom et au nom des autres puissances :

1° La dissolution du grand-duché de Varsovie, donné quelques années auparavant par Napoléon au roi de Saxe, ainsi que le partage de ce territoire entre la Russie, la Prusse et l’Autriche ;

2° Le rétablissement des villes de Hambourg, Brême, Lubeck, etc., dans leurs anciennes franchises et dans leur indépendance ;

3° La renonciation de Napoléon aux titres de médiateur de

    colère qui l’animait, Napoléon avait laissé tomber son chapeau ; le ministre autrichien l’eût respectueusement relevé en tout autre moment ; il ne le fit pas alors ; et l’Empereur le repoussa sans le fouler aux pieds, comme il avait fait à Erfurth, dans son audience particulière au baron de Vincent. Le calme se rétablit enfin dans son esprit irrité ; des formes plus affectueuses succédèrent à cet instant d’orage : on y répondit avec une politesse froide, et, en congédiant ce ministre, Napoléon lui laissa entrevoir l’intention de traiter généreusement son maître. Le comte de Metternich ne partit cependant pas sur-le-champ ; il fallait régler ce qui avait trait au congrès.