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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/160

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— 1813 —

jusque-là, il avait dit à cet officier: « Je vous donne ma parole d’honneur que si la guerre avait lieu, et si l’Empereur avait besoin de moi, il n’aurait qu’à me le faire savoir ; je reviendrais plus vite que je ne m’en vais. » Réfugié aux États-Unis, à quelque temps de là, ce ne fut pas Napoléon qui le rappela en Europe ; il y reparut sur l’invitation d’Alexandre, qui, peu confiant dans l’habileté de ses généraux et dans le talent des généraux de ses alliés, voulut opposer à Napoléon un des hommes que les luttes de la République contre l’Europe avait le plus grandis, et que les puissances étrangères, trompées par les exagérations des ennemis de l’Empereur, regardaient comme son rival dans l’art de la guerre. Voici la lettre écrite par le tzar a Moreau, et que remit à ce dernier M. Hyde de Neuville, qui, retiré également aux États-Unis depuis la dispersion de la dernière agence royaliste et resté en correspondance avec la petite cour d’Hartwell, servit d’intermédiaire dans cette négociation :

« Monsieur le général Moreau, connaissant les sentiments qui vous animent, en vous proposant de vous approcher de moi, je me fais un plaisir de vous donner l’assurance formelle que mon unique but est de rendre votre sort aussi satisfaisant que les circonstances pourront le permettre, sans qu’en aucun cas vous soyez exposé à mettre votre conduite en opposition avec vos principes. Soyez persuadé, monsieur le général Moreau, de toute mon estime ainsi que de mon affection.

« Alexandre. »

Non-seulement Moreau ne repoussa pas la proposition d’Alexandre, mais il mit un tel empressement à se livrer à ce souverain étranger, que, débarqué au port suédois de Gottenbourg le 26 juillet 1813, il était à Prague le 10 août, jour de la rupture du congrès, y discutant les plans de campagne proposés par les principaux généraux alliés. On raconte que, dans une entrevue avec Bernadotte, à son passage à Stralsund, il essaya de masquer l’odieux de son nouveau rôle par la nécessité de rendre à la France les droits politiques et la li-