Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
— 1813 —

berté que Napoléon lui avait ravis. « Prenez garde, général ! lui dit le nouveau prince suédois, les Français ne reconnaîtront jamais le vainqueur de Hohenlinden sous l’uniforme russe. » Si Moreau, après les désastres de Russie, et à ce moment de lutte suprême, avait eu le sentiment de sa position et de ses devoirs, on l’aurait vu se présenter à Napoléon, et demander à combattre aux premiers rangs. C’eût été une noble revanche de ses faiblesses passées, la France se fût montrée reconnaissante et fière, et Napoléon, ainsi que les alliés eux-mêmes, eussent été forcés à l’admiration et au respect. La grandeur d’un pareil sacrifice dépassait malheureusement la force morale de l’ancien chef de nos armées du Rhin.

Le 12 août, deux jours après l’expiration du second armistice, l’Autriche, qui venait de jouer successivement le rôle de conciliatrice, de médiatrice armée, puis d’arbitre, déclara la guerre à la France et notifia officiellement son adhésion à l’alliance de la Russie, de la Prusse et de l’Angleterre. L’Autriche apportait à la coalition 130,000 soldats. En ajoutant à ces 130,000 hommes, 155,000 Russes, 180,000 Prussiens, 25,000 Suédois et 50,000 hommes fournis par quelques princes allemands, on trouve un total de 520,000 combattants qui furent divisés en trois armées principales placées sous le commandement du Français Bernadotte, de l’Autrichien Schwartzenberg, du Prussien Blücher, et ayant leurs quartiers généraux à Berlin, à Prague et à Breslau.

Si les Alliés, l’Autriche surtout, avaient utilisé les deux mois d’armistice pour augmenter et organiser leurs moyens d’attaque, Napoléon, de son côté, n’était pas demeuré inactif : de nouvelles levées en France, des contingents nouveaux demandés à l’Italie, à la Hollande, et aux différents princes de la confédération germanique, étaient venus remplir les vides laissés dans nos rangs, — depuis le 30 avril 1813, date des premières opérations de cette campagne, jusqu’au 5 juin, date de la signature du premier armistice, — par les batailles de Lutzen,