Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
— 1813 —

et de Beningsen, malgré de prodigieux efforts, viennent également se briser contre les divisions françaises placées devant elles. Vers les quatre heures, l’ennemi, découragé, fait un mouvement rétrograde sur toute sa ligne, et va prendre ses bivacs en arrière des positions qu’il a vainement essayé d’enlever. Dans cette seconde journée, dite de la Partha, notre armée réussit à garder le champ de bataille.

Napoléon, le soir de cette seconde rencontre, loin de songer à la retraite, prenait, au contraire, des dispositions nouvelles pour le lendemain, lorsque les commandants de l’artillerie vinrent lui annoncer que les munitions allaient manquer. Deux cent vingt mille coups de canon, tirés depuis trois jours, avaient épuisé les réserves ; le matin, il en existait encore cent dix mille ; mais quatre-vingt-quinze mille coups ayant été dépensés dans la journée, il n’en restait plus que quinze mille, c’est-à-dire un nombre à peine suffisant pour alimenter le feu pendant deux heures. L’Empereur dut se résoudre à quitter Leipsick ; et cependant, en prolongeant sa résistance vingt-quatre heures, peut-être contraignait-il les souverains de se séparer : leurs soldats, réunis depuis deux jours, au nombre de près de 340,000 hommes, sur un terrain ruiné par nos troupes, manquaient complétement de vivres ; de sourdes dissensions, résultat de rivalités que l’insuccès des deux derniers jours avait encore irritées, allaient, en outre, éclater entre les différents généraux en chef. Nais, ainsi que l’a dit Napoléon, l’étoile pâlissait ; tout nous devenait contraire.

La nuit fut employée à disposer la retraite. Le 19 au matin, Napoléon, après avoir présidé au défilé de ses têtes de colonne, se rendit chez le roi de Saxe, venu de Dresde avec l’armée, et que jetait dans un désespoir profond la déloyale conduite de ses troupes. Après une assez courte visite, l’Empereur le quitta en lui conseillant de céder, comme les rois de Bavière et de Wurtemberg, aux passions de son peuple, d’abandonner, comme eux, son alliance, et de traiter à son tour avec