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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/179

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— 1813 —

les coalisés. À ce moment, une vive fusillade se faisait entendre dans toutes les directions. C’étaient les Alliés, qui, instruits de notre mouvement rétrograde, essayaient de pénétrer dans Leipsick et de s’emparer des portes. Les corps désignés pour quitter la ville les derniers, rangés à l’entrée des faubourgs, en défendaient vigoureusement l’approche. Cependant la retraite continuait, mais lentement, par suite des difficultés de la route, espèce de défilé long de près de trois quarts de lieue, encombré de chevaux morts et de voitures brisées, et qui, courant, à partir des murs de Leipsick, au milieu de marais formés par la Pleiss et par l’Elster, traversait cinq ou six ponts, dont le plus considérable, jeté sur le principal bras de l’Elster, était le pont dit du Moulin. Bientôt Napoléon franchit à son tour ce pont, qu’il avait fait miner ; il s’y arrêta quelques instants et recommanda, dans les termes les plus exprès, au colonel du génie de Montfort, chargé de garder la mine, de n’y faire mettre le feu que lorsque le corps du maréchal Oudinot serait passé. Ce corps devait fermer la retraite ; mais, soit qu’un malentendu eût fait intervertir les ordres de départ, soit plutôt que ce corps se trouvât moins engagé que les 7e, 8e et 11e, toujours est-il qu’il évacua la ville avant ceux-ci. Quand Oudinot eut franchi le pont du Moulin, le colonel de Montfort, croyant le mouvement de retraite à sa fin, laissa la garde de la mine à un sous-officier de sapeurs et courut au maréchal pour lui demander ses derniers ordres. Cette démarche prit à peine quelques minutes ; le colonel revenait à son poste, et il n’en était plus qu’à une faible distance, lorsqu’une explosion terrible ébranle le sol sous ses pas : la mine venait d’éclater, le pont était détruit. Une courte interruption dans le passage de nos régiments et la présence inopinée, à l’entrée du pont, de plusieurs détachements de tirailleurs russes, qui s’étaient glissés le long des rives de l’Elster, avaient fait penser au sous-officier de sapeurs que toutes nos troupes avaient évacué la ville, que l’ennemi se jetait à leur poursuite, et que le moment de couper