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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/185

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— 1813 —

300,000 Français, 40,000 environ rentrèrent alors à Mayence, et restèrent, pour la plus grande partie, dans les hôpitaux de cette ville, qui devint leur tombeau ; 130 ou 140,000 étaient morts ou prisonniers ; le reste formait les garnisons de Zamosc, Modlin, Dantzick, Glogau, Custrin, Stettin, Dresde, Torgau, Wittemberg, Magdebourg, Hambourg, Lubeck, etc.

Un mot sur ces garnisons : Napoléon les avait formées dans l’intérêt de ses manœuvres entre l’Elbe et la Vistule, lorsqu’il croyait pouvoir maintenir la guerre entre ces deux fleuves ; elles devinrent sans but après le désastre de Leipsick ; malheureusement l’Empereur se trouva débordé si vite, la désertion de ses alliés, ainsi que le soulèvement des populations, se produisit d’une façon si générale et si soudaine ; ses communications avec les provinces qu’il était successivement forcé d’abandonner furent si promptement et si complétement interrompues ; enfin, son mouvement de retraite sur le Rhin fut si rapide, qu’il n’eut pas le temps de les rappeler. On a dit que quelques ordres, dans ce but, avaient été expédiés ; mais, soit qu’on les ait livrés, soit plutôt qu’ils aient été interceptés par l’ennemi, aucun de ces ordres ne parvint. Ce furent 150,000 hommes environ, toute une nombreuse armée, que la France perdit entièrement pour sa lutte contre l’invasion. Quelques-unes de ces garnisons tenaient encore au mois d’avril 1814.

30,000 hommes, entre autres, étaient restés à Dresde sous les ordres de Gouvion Saint-Cyr. Les instructions que l’Empereur, lors de son mouvement sur Düben, avait laissées à ce maréchal, lui enjoignaient de tenir ses troupes en mouvement sur les deux rives de l’Elbe. Le 16 octobre, Saint-Cyr, entendant la canonnade de la première journée de Leipsick[1], donna

  1. Quelques personnes, s’appuyant de la distance qui sépare Leipsick de Dresde (18 à 20 lieues), ont soutenu qu’il était impossible d’entendre sur ce dernier point le bruit de l’artillerie de Leipsick. Cette opinion a sa cause sans