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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/191

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— 1813 —

nombreuses demandes aux dépôts de remontes, aux fonderies, aux manufactures d’armes, aux ateliers d’habillement. Des conseils d’administration, des conseils de guerre et de finances, se succédaient d’heure en heure aux Tuileries. Ce que Napoléon n’avait pu faire le jour, il le faisait la nuit. Aucune mesure ne restait en souffrance, aucune décision n’attendait. Il conduisait avec la même activité la formation de nouveaux corps de troupes, la réorganisation de tous les services à l’intérieur, et les négociations alors ouvertes avec les coalisés.

Ceux-ci, depuis vingt ans, n’étaient pas habitués à vaincre. Le choc de Leipsick, malgré l’importance de ses résultats, laissait leurs généraux incertains sur l’issue d’une invasion qui porterait la guerre, non plus au milieu de populations foulées longtemps par la conquête française, heureuses d’en être délivrées, et accueillant les soldats alliés comme des libérateurs, mais au centre même de la redoutable puissance de Napoléon, au cœur des provinces d’où s’étaient élancées, depuis 1792, ces nombreuses armées si longtemps victorieuses sur tous les champs de bataille de l’Europe. Si les Alliés avaient osé pénétrer en France à la suite de l’Empereur, peut-être seraient-ils entrés dans Paris avec son arrière-garde ; car rien n’était préparé pour la résistance aux premiers jours de novembre 1813. Napoléon, d’ailleurs, rentrait à peu près seul ; les armées assurément ne lui manquaient pas ; outre deux armées en Espagne et une armée en Italie, il avait plus de 150,000 hommes dispersés sur les côtes de la Hollande, en Allemagne, en Prusse, jusqu’au fond de la Pologne, dont ils occupaient les places fortes. On peut dire que, à cette date, les troupes françaises étaient partout, excepté en France. Or toutes ces forces se trouvaient entièrement perdues pour la défense du sol national, et il fallait du temps pour lever, pour organiser de nouveaux soldats ! Heureusement l’aspect seul de nos frontières militaires intimida les coalisés ; arrivées