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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/192

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— 1813 —

au Rhin, leurs têtes de colonnes, étonnées de leur succès, s’arrêtèrent.

Ce fut dans ce premier instant de crainte et d’hésitation que M. de Saint-Aignan, ministre de France près la cour de Weimar, enlevé de son poste par une bande de partisans, se vit amené au quartier général des coalisés. La liberté lui fut sur-le-champ rendue ; on le renvoyait en France. Le départ de cet agent diplomatique parut à M. de Metternich une occasion favorable pour transmettre au gouvernement impérial de nouvelles propositions d’accommodement ; il lui donna rendez-vous à Francfort, et, là, lui dicta une note qui obtint l’approbation unanime des chefs politiques et militaires de la coalition, même celle de lord Aberdeen, ambassadeur anglais à Vienne, que sa cour venait d’accréditer auprès du grand quartier général allié. Cette note, que M. de Saint-Aignan fut chargé de remettre directement à Napoléon, était datée de Francfort, 9 novembre, et portait :

« Que les puissances coalisées étaient engagées par des liens indissolubles qui faisaient leur force, et dont elles ne dévieraient jamais ;

Que les engagements réciproques qu’elles avaient contractés leur avaient fait prendre la résolution de ne faire qu’une paix générale ;

Que, lors du congrès de Prague, on avait pu penser à une paix continentale, parce que les circonstances n’auraient pas donné le temps de s’entendre pour traiter autrement mais que, depuis, les intentions de toutes les puissances et celles de l’Angleterre étaient connues : qu’ainsi il était inutile de penser soit à un armistice, soit à une négociation qui n’aurait pas, pour premier principe, une paix générale.

Que les souverains coalisés étaient unanimement d’accord sur la puissance et la prépondérance que la France devait conserver dans son intégrité, et en se renfermant dans ses limites naturelles, qui sont : le rhin, les alpes et les pyrénées ;

Que le principe de l’indépendance de l’Allemagne était une condition sine qua non ; qu’ainsi la France devait renoncer, non pas à l’influence que tout grand État exerce nécessairement sur un État de force inférieure, mais à toute souveraineté sur l’Allemagne ; que d’ailleurs c’était un principe que Sa Majesté avait posé elle-même en disant qu’il