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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/193

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— 1813 —

était convenable que les grandes puissances fussent séparées par des États plus faibles ;

Que, du côté des Pyrénées, l’indépendance de l’Espagne et le rétablissement de l’ancienne dynastie étaient également une condition sine qua non ;

Qu’en Italie, l’Autriche devait avoir une frontière qui serait un objet de négociation ; que le Piémont offrait plusieurs lignes que l’on pourrait discuter, ainsi que l’État de l’Italie, pourvu, toutefois, qu’elle fût, comme l’Allemagne, gouvernée d’une manière indépendante de la France ou de toute autre puissance prépondérante ;

Que, de même, l’État de la Hollande serait un objet de négociation, en partant toujours du principe qu’elle devait être indépendante ;

Que l’Angleterre était prête à faire les plus grands sacrifices pour la paix, fondée sur ces bases, et à reconnaître la liberté du commerce et de la navigation à laquelle la France a droit de prétendre ;

Que, si ces principes d’une pacification générale étaient agréés par Sa Majesté, on pourrait neutraliser sur la rive droite du Rhin tel lieu qu’elle jugerait convenable où les plénipotentiaires de toutes les puissances belligérantes se rendraient sur-le-champ sans cependant que les négociations suspendissent le cours des opérations militaires. »

Ces bases n’étaient plus celles du mois de juillet précédent. À Prague, lorsque, campé à Dresde et maître de toute la ligne de l’Elbe, Napoléon commandait à plus de 200,000 soldats, on lui laissait toutes les conquêtes de la République et la plus grande partie des agrandissements territoriaux décrétés par l’Empire. À Francfort, les conditions s’étaient amoindries en proportion de sa fortune ; rejeté au delà du Rhin, on ne lui accordait plus que les frontières naturelles ; encore ne lui donnait-on même pas la certitude que, en acceptant ces bases, il préserverait la France de l’invasion, puisque « les opérations militaires devaient continuer nonobstant les négociations. »

Si l’on songe que, au moment où M. de Saint-Aignan remit à l’Empereur ce dur ultimatum, la Hollande restait encore tout entière dans ses mains, que l’Italie, également intacte, était, en outre, gardée par une armée nombreuse, on comprendra la