Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
— 1814 —

cette ville pour son premier quartier général. Du 15 au 25 janvier, toutes les troupes dont il pouvait disposer y furent successivement dirigées. Mais, avant de s’y transporter de sa personne, il voulut pourvoir à la sûreté de la capitale et à l’administration de l’Empire. Depuis longtemps la garde nationale n’avait plus qu’une existence nominale ; il venait de la réorganiser, mais sur des proportions étroites et dans un déplorable système de défiance contre la partie la plus nombreuse et la plus énergique de la population. On ne la composa provisoirement que de dix à douze mille hommes pris parmi les employés des administrations publiques, les notaires, les avoués, les avocats, tous les hommes, en un mot, qui se trouvaient placés sous la dépendance plus ou moins directe de l’autorité, ou qui semblaient offrir le plus de garantie en faveur de l’ordre public. L’Empereur se réserva la nomination de tous les officiers, et choisit, pour les grades supérieurs, soit des personnages de l’ancienne ou de la nouvelle aristocratie, soit les hauts fonctionnaires qu’il supposait le plus dévoués à son gouvernement et à sa personne. Il porta la méfiance plus loin : la nouvelle milice ne reçut pas de fusils ; on se contenta de l’armer avec des piques ; quelques gardes nationaux privilégiés obtinrent seuls des sabres ou des carabines sans baïonnettes. Cette organisation avait été décrétée le 8 janvier. Le 23, Napoléon signa des lettres patentes qui investissaient Marie-Louise du titre et des fonctions de régente, et, quelques jours plus tard, il lui adjoignit, en qualité de lieutenant général de l’Empire, son frère Joseph, que l’insurrection de ses sujets, aidée par les armées anglaises et par la nullité de ce monarque, avait chassé d’Espagne[1]. Le 24, l’Empereur manda aux

  1. Les lettres patentes contenant la nomination de Joseph aux fonctions de lieutenant général de l’Empire portent seulement la date du 28 janvier. Cette nomination et l’établissement d’un conseil de régence, dont nous aurons à parler lors de l’arrivée des Alliés sous Paris, ne furent point annoncés dans le Moniteur.