Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
— 1814 —

ainsi que la crainte d’un de ces prodiges familiers à son génie, vint rendre tout à coup la parole aux diplomates de la coalition. Le 27, quelques heures après avoir appris l’arrivée de l’Empereur au milieu de ses troupes à Châlons-sur-Marne, M. de Metternich fit parvenir au plénipotentiaire impérial les sauf-conduits dont il avait besoin, et s’empressa de lui annoncer que, le 4 février, le congrès s’ouvrirait enfin, non plus à Manheim, cette place se trouvant trop loin du théâtre des événements, mais à Châtillon-sur-Seine, qui serait neutralisée.

Les plénipotentiaires chargés de représenter les différentes puissances à ce congrès étaient : le duc de Vicence ; le comte de Stadion, pour l’Autriche ; le comte Razumouski, pour la Russie ; le baron de Humboldt, pour la Prusse ; lord Castlereagh, pour l’Angleterre.

Les instructions du duc de Vicence lui défendaient de rien céder sur les frontières naturelles ; il devait exiger les limites de 1799. « La France, lui avait fait écrire Napoléon, sans les départements du Rhin, sans la Belgique, sans Anvers, sans Ostende, ne serait rien. Ce sont là ses limites naturelles, et l’Empereur fait de leur conservation une condition sine qua non. Sa résolution est bien prise ; elle est immuable. Ces bases, toutes les puissances les ont reconnues à Francfort. » Toutefois, Napoléon, après la seconde journée de Brienne, comprit que cet ultimatum pouvait arrêter court les négociations. Il n’avait pas encore quitté Troyes, lorsque, le 3 février, veille de l’ouverture des conférences, M. de la Besnardière, premier commis des relations extérieures, qui devait rejoindre le duc de Vicence, vint demander à l’Empereur ses dernières instructions. Napoléon le chargea de dépêches qui modifiaient ses premières résolutions. Il fit plus : le 5, avant son départ pour Nogent, il expédia au duc de Vicence un nouveau courrier qui lui portait décidément carte blanche ; le duc avait tout pouvoir « pour conduire la négociation à une heureuse issue,