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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/225

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— 1814 —

sauver la capitale et éviter une bataille où sont les dernières espérances de la nation. »

Si la bataille du 1er février avait pu faire ainsi fléchir la volonté de Napoléon, le résultat de cette journée, agissant en sens contraire sur les Alliés, avait grandi leurs prétentions. Dès les premières séances, ils refusèrent de traiter en accordant les frontières naturelles comme limites de la France. « Les alliés disconviennent des bases proposées à Francfort, écrivait le duc de Vicence à l’Empereur ; pour obtenir la paix, il faut rentrer dans les anciennes limites. »

Voici, en effet, ce qu’on lit dans le protocole de la séance tenue par le congrès, le 7 février :

« ...Les plénipotentiaires des cours alliées consignent au protocole qu’ils ont l’ordre de demander :

Que la France rentre dans les limites qu’elle avait avant la Révolution... qu’elle renonce à toute influence hors de ces limites. »

Ce fut une copie de ce protocole que, le 8 février, Napoléon reçut à Nogent. Il s’enferma dans son cabinet après l’avoir lue, et resta plusieurs heures sans vouloir recevoir personne. Le prince de Neufchâtel et le duc de Bassano purent enfin entrer. L’Empereur, quand ils se présentèrent, leur tendit silencieusement la copie du protocole. Berthier et Maret, après en avoir pris lecture, demeurèrent interdits. La première émotion passée, ils hasardèrent quelques considérations sur la nécessité de céder. À ce mot, Napoléon éprouva une sorte de secousse électrique ; il se leva avec vivacité et s’écria :

« Quoi ! vous voulez que je signe un pareil traité et que je foule aux pieds mon serment[1] ! Des revers inouïs ont pu m’arracher la promesse de renoncer aux conquêtes que j’ai faites ;

  1. Le serment prêté par Napoléon à son couronnement était ainsi conçu :
    « Je jure de maintenir l’intégrité du territoire de la République... et de gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français. »