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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/227

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— 1814 —

avoir, l’état des affaires se trouvera complétement changé ; et nous verrons alors ! »

Les espérances de Napoléon venaient d’étre ranimées par un courrier que lui avait expédié, dans la nuit, le maréchal Macdonald dont la lettre était ouverte devant lui.

Après la bataille de la Rothière, les Alliés n’avaient qu’à suivre en masse la route de Troyes pour arriver, en passant sur le corps de la petite armée impériale, jusqu’aux portes de Paris. C’était, assure-t-on, l’opinion de l’empereur Alexandre ; mais ce parti, dicté par le bon sens le plus vulgaire, ne parut pas assez savant. Les généraux alliés se mirent en tête de manœuvrer. Schwartzenberg, avec les souverains, passa l’Aube, et se porta à pas comptés sur Troyes, dans le but d’arriver à Paris en descendant le bassin de la Seine. Blücher revint sur Châlons pour rallier les deux corps que le mouvement de l’Empereur sur Saint-Dizier avait rejetés en Lorraine, et, la jonction faite, marcher sur Paris par le bassin de la Marne. Chacun de ces deux généraux voulait prévenir l’autre dans l’attaque de la capitale française ; c’était le mouvement de Blücher et la marche de ses colonnes sur Meaux que Macdonald annonçait à Napoléon.

On ne compte pas moins de douze lieues de traverse entre la route de Paris à Troyes, que barrait alors Napoléon, et la route de Châlons à Paris, que suivaient Blücher et ses troupes. Cette distance, malgré les obstacles que présentaient les chemins et la saison, fut rapidement franchie par nos troupes. L’Empereur avait quitté Nogent le 9 février ; le 10, il rençontrait au village de Champaubert plusieurs colonnes de l’armée de Blücher. Cette armée, forte de 120,000 combattants, marchait échelonnée sur une seule ligne, qui, partant de Châlons, pénétrait alors assez avant dans le département de Seine-et-Marne. Les colonnes qui traversaient Champaubert, au moment où l’Empereur s’y présentait, se composaient de troupes russes. Attaquées sur-le-champ avec vigueur, elles