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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/229

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— 1814 —

Prussiens et 25,000 Français se trouvèrent engagés. Nos soldats se battaient un contre deux ; le courage suppléa au nombre ; ils culbutèrent l’ennemi sur tous les points, l’obligèrent de se sauver à travers champs, dans la direction de la Marne, et, le lendemain 12, l’atteignirent de nouveau à Château-Thierry. Les rues, les maisons, devinrent le théâtre de luttes acharnées, auxquelles on vit se mêler les habitants de la ville et de la campagne, à l’aide de fusils prussiens ou russes ramassés sur les chemins. L’ennemi, chassé de Château-Thierry après y avoir subi de nouvelles et notables pertes, fut encore obligé de s’enfuir en désordre dans la direction de Soissons. Les abords de Paris, de ce côté, devenaient libres dans une distance de 50 lieues.

Lorsque, le 10 février, Blücher avait appris, à son tour, par les fuyards de Champaubert, la présence des Français au centre de sa ligne de marche, il s’était hâté d’appeler à lui les corps des généraux Kleist et Langeron, que de nouvelles troupes, arrivées du nord de l’Europe, venaient de remplacer dans le blocus de Mayence et des places fortes de la Lorraine. Dès que ces forces furent réunies à celles qui lui restaient, il se remit en marche pour rallier les régiments d’York et de Sacken, et s’ouvrir une seconde fois la grande route de Châlons à Paris. Ce fut le 13 que ses têtes de colonne se présentèrent en vue de Montmirail, au même moment où, débarrassé de Sacken et d’York, dont il avait abandonné la poursuite sur Soissons au maréchal Mortier, Napoléon, marchant à la rencontre du général en chef prussien, arrivait lui-même à moins d’une demi-lieue de son champ de bataille du 11. Les troupes de Blücher étaient beaucoup plus nombreuses que celles qui avaient été engagées l’avant-veille. Les régiments amenés par Napoléon se trouvaient, au contraire, plus faibles de toutes les pertes essuyées dans les trois derniers jours. Nos soldats étaient à peine un contre quatre. Cette disproportion de forces n’arrêta pas l’Empereur ; il prit résolûment position dans la plaine de