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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/230

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— 1814 —

Vauxchamps, passa la nuit à faire ses dispositions, et, le 14 au matin, ordonna l’attaque. Malgré son immense supériorité numérique, l’ennemi, culbuté partout, fut forcé de reprendre, en désordre, la route de Châlons. Blücher, enveloppé à diverses reprises avec son état-major, et obligé chaque fois de lutter corps à corps avec nos cavaliers pour se dégager, dut uniquement son salut, dans une dernière charge, à l’obscurité de la nuit.

Napoléon avait prophétisé juste : les cinq jours écoulés depuis son départ de Nogent avaient, pour ainsi dire, été signalés par autant de victoires ; et, si les forces de Blücher n’étaient pas détruites, du moins cette armée, battue à quatre reprises différentes, fuyait dispersée. L’Empereur, au milieu de ses dernières marches, avait reçu la réponse de Caulaincourt aux dépêches expédiées, le 5, de Troyes, et dans lesquelles il lui avait donné carte blanche ; cette réponse contenait les phrases suivantes :

« J’étais parti les mains presque liées, et je reçois des pouvoirs illimités ; on me retenait, et l’on m’aiguillonne... Dois-je consentir à tout, aveuglément, sans discussion, sans retard ? »

Le 17, trois jours après la seconde journée de Montmirail (bataille de Vauxchamps), Napoléon répondait à son plénipotentiaire :

« Monsieur le duc de Vicence, je vous avais donné carte blanche pour sauver Paris et éviter une bataille qui était la dernière espérance de la nation. La bataille a eu lieu ; la Providence a béni nos armes ; j’ai fait 30 à 40,000 prisonniers et enlevé 200 pièces de canon... Votre attitude doit être la même : vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. »

Le chiffre de nos soldats était malheureusement si réduit, et les troupes qu’ils avaient à combattre étaient si nombreuses, que chaque corps d’armée alliée présentait, isolément, une masse d’assaillants trois et quatre fois plus considérable que