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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/236

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— 1814 —

nombre de chefs, en revanche, avaient perdu de leur vigueur et de leur activité. Lors des campagnes d’Italie, début de Napoléon, et qui présentent une remarquable analogie avec la campagne de France, dernière phase de sa carrière militaire, ses généraux les plus âgés avaient à peine trente ans. En 1814, l’Empereur avait bien encore autour de lui les anciens lieutenants du général Bonaparte ; mais ce n’étaient plus les mêmes hommes : usés par la guerre, amollis par les honneurs et par la fortune, ils se montraient fatigués, alourdis, et trop âgés de plusieurs années. La veille de cette bataille, à Villeneuve le-Comte, une fausse manœuvre du général Lhéritier, commandant une division de dragons, avait fait avorter un mouvement qui devait amener la destruction du principal corps bavarois ; pendant la nuit, un parc d’artillerie, confié au général Guyot, avait été surpris et enlevé ; dans la journée, au plus fort du combat, l’artillerie, par la faute du général Digeon, avait manqué de munitions ; enfin le général de brigade Montbrun, chargé de défendre, avec 1,800 hommes, la petite ville de Moret et la forêt de Fontainebleau, les avait abandonnées sans résistance et s’était replié sur Essonne. Nous avons dit la faute du duc de Bellune. Napoléon, irrité, voulut punir ; quelques excuses, le souvenir des anciens services, suffirent pour désarmer sa colère. Le 19, il lança plusieurs corps à la poursuite des différentes colonnes alliées, qui continuaient leur retraite sur Troyes ; le 20, au matin, il remontait la Seine, déjeunait à Bray dans la maison que l’empereur de Russie avait quittée la veille, et couchait, le soir, à Nogent. La journée du 21 fut employée tout entière à presser la marche des troupes sur Troyes. Le 22, lui-même se mit en chemin pour cette ville, et vint coucher aux portes de Méry-sur-Seine, où nos troupes venaient de rencontrer une résistance inattendue, qu’elles n’avaient pu vaincre qu’après une lutte acharnée. Ce combat, dont nous parlerons plus loin, n’avait pas été soutenu par un des corps de Schwartzenberg, car la retraite des