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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/242

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— 1814 —

n’aient pris les armes en grand nombre pour harceler les détachements alliés, pour enlever les convois et se mêler dans l’occasion avec nos soldats. Ce fut même l’héroïque patriotisme de certaines populations urbaines et de toute la population rurale des Vosges, de la Lorraine, de la Champagne et de la Bourgogne, qui dicta à Napoléon ses derniers décrets, qui inspira son dernier plan de campagne. Il attendit trop tard !

Ce dévouement des masses pour le gouvernement impérial, et le complet oubli où elles laissaient l’ancienne Monarchie, ainsi que ses princes, avaient vivement frappé les chefs des coalisés. En vain, renouvelant la tactique employée à une autre époque par d’autres coalitions contre un des souverains les plus illustres de l’ancienne Monarchie[1], ils déclaraient ne pas faire la guerre à la France, mais à Napoléon seul : pas un homme ne se rangeait de leur côté ; nulle part on ne se soulevait contre l’Empereur ; partout, au contraire, la population leur opposait la résistance la plus vive. Aussi les souverains avaient-ils repoussé toutes les ouvertures tendant à faire admettre à leur quartier général un des membres de la maison de Bourbon ; et, dans le Midi même, comme on le verra au chapitre suivant, Wellington, reprochant aux quelques royalistes qui, à Bordeaux, venaient de se déclarer pour l’ancienne famille royale, l’imprudence et la nullité de cette démonstration vaine, leur signifiait « qu’il dépasserait probablement la ligne de ses devoirs s’il prêtait à leur cause le moindre appui. » Il y a plus : les Alliés maintenaient le congrès de Châtillon, bien que le duc de Vicence eût formellement refusé, au nom de Napoléon, de consentir aux limites de 1789. « La Belgique ainsi que les départements de la rive gauche du Rhin, avait dit le duc, ayant été constitutionnellement déclarés partie intégrante du territoire français, et reconnus comme tels par

  1. Les puissances coalisées contre Louis XIV proclamaient dans leurs manifestes qu’elles faisaient la guerre, non contre la France, mais contre ce prince et sa politique de conquêtes.