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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/243

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— 1814 —

tous les traités conclus depuis leur réunion, l’Empereur ne pouvait pas, de son autorité privée, accéder à cette clause. » Enfin, au moment même de la rentrée des Français dans Troyes, le généralissime Schwartzenberg négociait avec Napoléon une suspension d’armes.

Ces pourparlers, résultat de la proposition d’armistice faite huit jours auparavant, le 17, à Nangis, par le comte de Parr, furent sérieusement abordés, le 23, au hameau de Châtres, près Méry-sur-Seine, entre les quatre murs nus de la chaumière d’un charron où Napoléon venait de passer la nuit. Le négociateur, cette fois, était le prince de Wentzell-Lichtenstein, aide de camp du généralissime. Cet officier ne dissimula point la portée des derniers échecs subis par les Alliés ; il affirma que les souverains désiraient sincèrement une suspension d’armes, et que sa démarche était sérieuse. Napoléon se montra incrédule ; et, parlant de bruits qui se répandaient sur un nouveau système que l’on prêtait aux Alliés, il demanda s’il était vrai que la querelle eût changé de nature, et que ce fût à sa personne et à sa dynastie qu’en voulaient positivement les souverains ; en un mot, si l’Europe, conformément au plan favori de l’Angleterre, n’avait envahi la France que pour rétablir la famille de Bourbon. Le prince de Lichtenstein repoussa ces suppositions avec la plus grande vivacité. Napoléon, toutefois, insista, en appuyant ses doutes de plusieurs faits dont il venait de recevoir la nouvelle positive : la présence du duc d’Angoulême au quartier général des Anglais dans le Midi, le débarquement du duc de Berri à Jersey, dans le voisinage de nos provinces de l’Ouest, et l’arrivée du comte d’Artois sur notre frontière de la Suisse. « Cependant, ajouta l’Empereur, je ne saurais croire que mon beau-père puisse entrer dans de pareils projets, et qu’il veuille prêter son concours au renversement de sa fille et de son petit-fils. »

M. de Lichtenstein protesta de nouveau contre le projet d’une restauration de l’ancienne famille royale, ajoutant que,