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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/244

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— 1814 —

si les Bourbons avaient débarqué et si l’on tolérait leur présence à la suite des armées alliées, c’était uniquement comme moyen de guerre et dans le but d’opérer quelques diversions : « Mais il n’y a rien de sérieux dans tout cela, disait-il ; l’Autriche ne se prêtera jamais une combinaison hostile à l’existence politique de Votre Majesté et au maintien de sa dynastie ; ce que désirent les Alliés, c’est la paix ; la mission que je viens remplir, ajouta le prince en terminant, en est la preuve. »

Napoléon remit sa réponse au lendemain. Le 24, un nouvel aide de camp du généralissime autrichien se présenta et proposa, pour la réunion des généraux négociateurs de l’armistice, le village de Lusigny, à quelques lieues au delà de Troyes, à mi-chemin entre cette ville et Vandœuvres. Il ajouta que les commissaires nommés par les puissances étaient : le général Duca, pour l’Autriche ; le général Schouwaloff, pour la Russie, et le général Rauch, pour la Prusse. Napoléon, de son côté, désigna le général Flahaut, son aide de camp, qui partit pour Lusigny le jour même. La conférence fut immédiatement ouverte.

Ainsi deux négociations allaient se poursuivre parallèlement à quelques lieues seulement de distance. À Châtillon, les représentants de la diplomatie européenne essayaient vainement d’arriver à un traité de pacification générale ; à Lusigny, c’étaient les députés de chaque armée qui devaient discuter une suspension d’armes. La pensée des coalisés, à l’égard de cette dernière réunion, n’allait pas au delà d’un simple armistice. La question, réduite à ces termes, aurait été promptement résolue. Mais Napoléon espérait profiter de cette conférence de généraux pour faire accepter, par les chefs militaires de la coalition, des bases de pacification différentes de celles posées par ses diplomates. Pour lui, pas de paix possible, acceptable, sans Anvers et les côtes de la Belgique ; pour l’Angleterre, au contraire, pas de traité acceptable ni possible avec ces limites. L’Angleterre avait ses représentants