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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/245

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— 1814 —

à Châtillon ; aucun général ne stipulait ses intérêts spéciaux à Lusigny : la possession d’Ostende, d’Anvers et des bouches de l’Escaut, question toute politique, devait importer assez peu, d’ailleurs, à des généraux russes, autrichiens et prussiens. L’Empereur comptait sur cette double circonstance pour arriver à son but ; la proposition dont il avait chargé M. de Flahaut était formulée de manière à trancher la question sans cependant la poser en termes formels. Anvers se trouvait dans nos mains ; M. de Flahaut demanda que la ligne d’armistice s’étendit depuis cette place jusqu’à Lyon. Le plénipotentiaire autrichien consentait à discuter cette ligne ; les représentants de la Prusse et de la Russie admettaient le statu quo, en prenant pour base la position actuelle de chaque corps d’armée, mais rien de plus ; leurs ordres étaient formels : au reste, une proposition était faite ; ils allaient la soumettre à leurs souverains. En effet, le soir même, des courriers furent expédiés au quartier général. Cet incident suspendit la négociation au moment où le congrès de Châtillon interrompait lui-même ses protocoles sous prétexte d’attendre le résultat de la conférence militaire de Lusigny.

De son côté, Napoléon n’avait pas arrêté son mouvement ; il continuait à pousser les Alliés l’épée dans les reins, convaincu qu’une poursuite active, victorieuse, était le plus puissant argument qu’il pût fournir à M. de Flahaut. L’événement lui aurait sans doute donné raison, si Blücher n’était venu se jeter à la traverse.

Blücher, après la bataille de Vauxchamps, s’était retiré en désordre, comme nous l’avons dit, sur Châlons, fort incertain du parti qu’il devait adopter et très-inquiet des deux corps de Sacken et d’York. On sait que, battus trois jours avant lui, ces deux généraux s’étaient enfuis de Château-Thierry, dans la direction de l’Aisne. Arrêtés par cette rivière et poursuivis par le duc de Trévise, les régiments qu’York et Sacken avaient pu emmener auraient été achevés sous les