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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/246

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— 1814 —

murs de Soissons, si les portes et les ponts de cette place s’étaient fermés devant eux. Mais, au moment où ils se présentèrent devant la ville, elle venait de se rendre à plusieurs divisions russes et prussiennes, commandées par le général Woronzoff, et qui, après la conquête de la Belgique, avaient, à leur tour, franchi la frontière et marché sur l’Aisne en suivant la route de Vervins et de Laon. Soissons n’avait que quelques soldats pour garnison : son commandant, le général Rusca, n’hésita pourtant pas à se défendre ; il fut tué dès la première attaque ; sa mort livra la place aux nouveaux arrivants. Ceux-ci, quand ils aperçurent les fuyards de Château-Thierry, ouvrirent les portes de la ville, et y recueillirent ces débris. Une fois réunis, tous ces corps se mirent en marche pour rallier Blücher, qu’ils joignirent enfin à Châlons, après deux jours de recherche. Grâce à ces renforts, à quelques autres corps de troupes arrivées par la Lorraine, et à 9,000 hommes détachés du corps de Langeron, Blücher se vit bientôt à la tête de plus de 60,000 combattants. Informé du mouvement de retraite de Schwartzenberg, et croyant pouvoir le rejoindre en avant de Troyes, il se porta entre cette ville et Nogent, et se présenta à Méry-sur-Seine, le 22 février, au moment même où Napoléon, marchant à la poursuite de la grande armée alliée, y arrivait avec une partie seulement de ses forces. Ce fut cette rencontre inopinée qui amena la lutte dont nous avons parlé, lutte obstinée et sanglante, dans laquelle Blücher fut blessé, et où l’on vit nos conscrits, mettant à contribution toutes les boutiques de Méry pour fêter le mardi-gras, se battre à outrance, affublés de masques et d’habits de carnaval.

Napoléon n’apprit que beaucoup plus tard le nom du général ennemi qui était venu ainsi se heurter contre ses colonnes de marche. Blücher, en effet, n’avait pas persisté. Sa jonction avec les Autrichiens se trouvant manquée, il avait repassé l’Aube et gagné de nouveau le bassin de la Marne. Arrivé là