Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
— 1814 —

il eut un moment d’hésitation. Le souvenir de la diversion que, dix jours auparavant, Schwartzenberg avait faite en sa faveur en marchant sur Paris, le décida : il voulut rendre aux Autrichiens le service qu’il en avait reçu. Une seconde fois, il descend la Marne sur les deux rives, et s’avance rapidement sur Paris. Les ducs de Raguse et de Trévise, chargés de la défense du cours inférieur de la Marne et du pays compris entre cette rivière et l’Aisne, étaient trop faibles pour arrêter ce nouvel effort des Prussiens : tous deux se retirèrent, disputant chaque position, et, le 24 février, ils se réunirent à la Ferté-sous-Jouarre, à sept lieues en avant de Meaux, à quinze lieues seulement de Paris.

Ce fut le 26 février, le lendemain de l’ouverture des conférences militaires de Lusigny, que Napoléon connut le mouvement de Blücher. Cette nouvelle changeait tous ses plans. Les Prussiens n’étaient plus qu’à deux journées de marche de la capitale de l’Empire ; il fallait la sauver. Le 27 au matin, il quitte Troyes, traverse dans la journée Arcis-sur-Aube, couche au petit village d’Herbisse, près de Fère-Champenoise, et, le 28, arrive à Sézanne, où il apprend que, l’avant-veille, Marmont et Mortier, forcés d’abandonner la Ferté-sous-Jouarre, se sont retirés sur Meaux. Des dépêches expédiées de Troyes lui annoncent en même temps que, profitant de son départ de cette ville, les Autrichiens ont repris l’offensive, et que, tandis qu’il court à la rencontre de Blücher, Schwartzenberg, à son tour, a rallié toutes ses forces entre Langres et Bar, et revient sur Paris.

L’énergie de Napoléon semble grandir avec le péril. Il ne désespère pas de tenir tête à l’un et à l’autre assaillant. Des deux généraux alliés, Blücher est celui dont les progrès menacent le plus immédiatement la capitale française ; l’Empereur continue de marcher sur lui, et, le 1er mars, il arrive à la Ferté-Gaucher. Là, il apprend que les ducs de Trévise et de Raguse tiennent encore en avant de Meaux, et que Blücher