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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/265

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— 1814 —

des négociations ; vainqueurs ou vaincus, Paris devenait désormais, pour eux, le seul lieu où ils pouvaient traiter.

Disons, avant d’aller plus loin, que, dans aucune des notes ou des conversations officielles échangées dans ce congrès, pas plus que dans les conférences préliminaires qui avaient eu lieu à Francfort, on n’entendit la moindre allusion à la cause des Bourbons, et que le nom même de ces princes n’y fut jamais prononcé.

Quand les chefs militaires qui entouraient Napoléon apprirent, par le retour du duc de Vicence, la rupture définitive des négociations, ils se répandirent en murmures, en plaintes et en reproches. Les plus élevés, ceux qu’il avait le plus grandis et que sa main, prodigue d’honneurs et de richesses, avait le plus comblés, ceux-là, surtout, se montraient consternés. « Plus de paix possible ! que prétend donc l’Empereur ? disaient-ils. Où veut-il aller ? La guerre ! toujours la guerre ! quand donc viendra le repos ? »

Napoléon entendait ces plaintes, qui, dans d’autres bouches et dans un autre moment, eussent été fondées ; il les écoutait sans colère et discutait même les terreurs de ses lieutenants : « Je suis plus près de Munich que les Alliés ne le sont de Paris, » leur disait-il. Ce mot révèle toute la portée du plan qu’il venait d’adopter, et qui, selon les expressions consignées dans une lettre écrite par lui à l’Impératrice et interceptée par l’ennemi, devait tout perdre ou tout sauver.

C’est le 23 mars, au même moment où Napoléon arrivait à Saint-Dizier, qu’avait eu lieu, dans les plaines de Châlons, la jonction de toutes les forces alliées. Jamais, depuis Attila, dit un annaliste, témoin des événements, l’immense plaine qui s’étend entre Châlons et Arcis n’avait contenu plus de soldats ! Les coalisés avaient quitté les vallées de la Seine et de l’Aube, avec la ferme résolution de marcher sur Paris. Mais, une fois réunis, ils redevinrent hésitants. La présence de Napoléon sur leurs derrières épouvantait le plus grand