Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
261
— 1814 —

nombre. Durant un jour et deux nuits ils flottèrent entre les résolutions les plus diverses. La question d’une retraite générale sur le Rhin fut posée et longuement débattue ; appuyée par le roi de Prusse et par le généralissime Schwartzenberg, elle fut opiniâtrément combattue par Alexandre, qui faisait observer que, dans la position prise par Napoléon, la véritable route de retraite des Alliés était, non pas la route du Rhin, puisque l’Empereur la gardait en s’appuyant sur trois lignes de forteresses et sur une insurrection générale dirigée par lui-même, mais la route de la Belgique. Il ajoutait que la marche de leurs armées dans cette dernière direction présentait un autre avantage : le dernier mouvement de Napoléon laissait libres toutes les avenues de Paris ; on pourrait tenter un coup de main sur cette capitale : si l’attaque échouait, les Alliés poursuivaient leur chemin ; si elle réussissait, ainsi qu’on le lui avait fait espérer, Napoléon, privé de sa capitale, pourrait difficilement prolonger la lutte. Ces considérations parurent ébranler le roi de Prusse et le prince de Schwartzenberg ; cependant ils résistaient encore lorsque, le 24, dans la nuit, Alexandre déclara que, las de ne se porter en avant que pour reculer toujours, il était décidé, pour en finir, à jouer le tout pour le tout, et qu’il s’avancerait sur la capitale française, dût-il marcher avec ses seules troupes. Cette menace fit cesser toutes les hésitations. Le 25 au matin, les coalisés, réunis en une seule masse, descendirent les deux rives de la Marne.

Napoléon ne connut ce mouvement que le 26 au soir, par des prisonniers appartenant à un corps de 10,000 cavaliers russes et prussiens, chargés, sous les ordres du général Wintzingerode, de harceler la petite armée impériale, et de masquer le nouveau mouvement des souverains sur Paris. L’Empereur passa la nuit sur ses cartes. Courrait-il au secours de Paris menacé, ou bien, abandonnant cette capitale aux chances de la guerre, et donnant à son dernier plan de cam-