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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/276

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— 1814 —

litique et qu’il n’habiterait aucun édifice public. Ces conditions furent acceptées et observées ; le comte logea dans la maison d’un avocat consultant, M. de Micque, alors chef de l’administration provisoire de la ville, et occupa ses loisirs à la rédaction et à la publication clandestine d’une proclamation qu’il data de Vesoul, et dont il essaya de faire secrètement parvenir plusieurs exemplaires à quelques anciens privilégies notoirement connus de son entourage pour leur fidélité persistante aux souvenirs de la vieille monarchie. Cette proclamation, où le prince prenait le titre de Monsieur et la qualité de lieutenant général du royaume, était ainsi conçue :

« Français ! le jour de votre délivrance approche ; le frère de votre Roi est arrivé. Plus de tyran, plus de guerre, plus de conscription, plus de droits réunis ! Qu’à la voix de votre souverain, de votre père, vos malheurs soient effacés par l’espérance, vos erreurs par l’oubli, vos dissensions par l’union dont il veut être le gage. Les promesses qu’il vous a faites solennellement, il brûle de les accomplir, et de signaler par son amour et par ses bienfaits le moment fortuné qui, en lui ramenant ses sujets, va lui rendre ses enfants. Vive le Roi ! »

Le séjour du comte d’Artois à Nancy faillit être de très-courte durée : vers le milieu du mois de mars, les garnisons de Metz et de Verdun, comme on l’a vu, poussaient des reconnaissances jusqu’aux portes de cette ville ; d’un autre côté, les paysans lorrains, excités par les décrets de levée en masse que venait de rendre l’Empereur, enhardis par l’exemple des montagnards des Vosges et des vignerons champenois, commençaient à se soulever. Le comte, effrayé, voulut regagner la frontière. Ses préparatifs de départ étaient déjà faits, lorsque M. de Vitrolles, ce royaliste dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, arriva soudainement de Troyes, et lui fit connaître le mouvement de concentration résolu par les Alliés, ainsi que l’effort décisif qu’ils devaient tenter sur Paris. Ces nouvelles pouvaient être bonnes pour la cause royale, mais elles ne rassuraient nullement le prince sur sa sûreté