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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/277

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— 1814 —

personnelle : aussi auraient-elles été impuissantes à le retenir, si M. de Vitrolles, faisant ressortir avec force les inconvénients d’une retraite qui laisserait les royalistes sans drapeau, sans chef, au moment où le sort de la France allait probablement se décider, n’avait arraché au prince la promesse d’attendre, du moins, les renseignements qu’il s’offrait d’aller chercher sur le théâtre même des événements militaires. Ce fut en s’efforçant d’accomplir cet engagement que M. de Vitrolles tomba entre les mains des paysans de Saint-Thibaut. Nous avons dit comment il put échapper.

Le duc d’Angoulême eut à lutter contre les mêmes répugnances et les mêmes obstacles que son père ; le séjour de ce prince sur notre frontière des Pyrénées, derrière les rangs de l’armée anglaise, qui poussait alors le maréchal Soult sur Toulouse, devait cependant décider, dans cette partie de la France, une manifestation dont les intérêts de parti et les passions politiques de l’époque ont singulièrement exagéré l’importance.

Peu de jours après son arrivée à Saint-Jean-de-Luz, le neveu de Louis XVIII avait levé le drapeau de l’ancienne Monarchie dans une proclamation du 2 février, adressée à l’armée française, et où il disait :

« J’arrive ; je suis en France ! Je viens briser vos fers ; je viens déployer le drapeau blanc, le drapeau sans tache que vos pères suivaient avec tant de transport. Ralliez-vous autour de lui, braves Français ! Marchons tous ensemble au renversement de la tyrannie !

Soldats ! mon espoir ne sera pas trompé ; je suis fils de vos rois et vous êtes Français ! »

Le duc d’Angoulême avait quitté la France presque enfant. Durant les vingt-quatre ans écoulés depuis cette époque, son nom n’avait figuré nulle part. Ce nom, dès lors, était resté profondément ignoré du maréchal Soult, soldat illettré, ainsi que du reste de la population et de l’armée. Le maréchal demanda quel pouvait être ce duc inconnu qui osait parler ainsi à ses