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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/278

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— 1814 —

troupes de drapeau blanc, de tyrannie à abattre, de fers à briser. On lui dit qu’il appartenait probablement à la famille de Bourbon. La possibilité d’une Restauration bourbonienne, à cette date, était tellement en dehors de toute prévision, que le maréchal Soult, si humble, si obséquieux près du duc d’Angoulême à quelques semaines de là, ne fit pas alors à ce prince l’honneur de prendre son rôle ni sa personne au sérieux. Il ne vit, dans le nom mis au bas de l’Adresse à l’armée, qu’une sorte de signature fantastique sous laquelle se cachait le nom du général anglais. Ce fut donc à Wellington seul que le maréchal répondit. Voici l’ordre du jour qu’il publia à cette occasion :

« Soldats ! le général qui commande l’armée contre laquelle nous nous battons tous les jours a eu l’impudeur de nous provoquer et de provoquer nos compatriotes à la révolte et à la sédition. Il parle de paix, et les brandons de la discorde sont à sa suite ! Il parle de paix, et il excite les Français à la guerre civile ! Grâces lui soient rendues de nous avoir fait connaître ses projets ! Dès ce moment, nos forces sont centuplées, et, dès ce moment, il rallie lui-même aux aigles impériales ceux qui, séduits par de trompeuses apparences, avaient pu croire qu’il faisait la guerre avec loyauté.

On a osé insulter à l’honneur national, on a eu l’infamie d’exciter les Français à trahir leurs serments et à être parjures envers l’Empereur. Cette offense ne peut être vengée que dans le sang. Aux armes ! Que dans tout le midi de l’Empire ce cri retentisse !

Soldats ! vouons à l’opprobre et à l’exécration publique tout Français qui aura favorisé d’une manière quelconque les projets insidieux des ennemis. Quant à nous, notre devoir est tracé : combattons jusqu’au dernier les ennemis de notre auguste Empereur et de notre chère France. Haine implacable aux traîtres et aux ennemis du nom français ! Guerre à mort à ceux qui tenteraient de nous diviser pour nous détruire ! Contemplons les efforts prodigieux de notre grand Empereur et ses victoires signalées. Soyons toujours dignes de lui ; soyons Français ! et mourons les armes à la main plutôt que de survivre à notre déshonneur !

Au quartier général de Rabasteins, le 8 mars 1814. »

Le général anglais, fidèle au mot d’ordre de la coalition, ne cessait, en effet, comme le lui reprochait le maréchal,