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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/279

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— 1814 —

d’annoncer, dans ses discours et dans ses proclamations, que les Alliés ne faisaient pas la guerre à la France, qu’ils la voulaient grande et libre, et qu’ils entendaient n’exiger d’elle qu’une paix honorable, ainsi que des garanties pour l’indépendance des autres peuples du continent. L’appel du duc d’Angoulême à l’antique bannière de la Monarchie, au drapeau blanc, était un démenti à ces affirmations ; Wellington en avait ressenti un mécontentement d’autant plus vif, qu’il ne croyait à l’existence ni d’une opinion ni d’un parti en faveur de la maison de Bourbon : « L’opinion que j’ai pu reconnaître à cet égard, écrivait-il au comte Bathurst, c’est que vingt ans se sont écoulés depuis que les princes de cette maison ont quitté la France ; qu’ils sont autant et peut-être plus inconnus en France que les princes de toute autre maison royale en Europe ; que les Alliés doivent s’accorder entre eux pour proposer à la France un souverain à la place de Napoléon, dont il faut se débarrasser si l’on veut que l’Europe jouisse jamais de la paix, mais qu’il importe peu que ce soit un prince de la maison de Bourbon ou de toute autre famille royale[1]. » La réponse du maréchal Soult à la proclamation du duc d’Angoulême, et les accusations violentes qu’elle renfermait, augmentèrent l’irritation du général anglais ; il enjoignit au neveu de Louis XVIII d’avoir à s’abstenir désormais de toute démarche publique, et lui fit défense de revêtir aucun caractère politique, de prendre aucun titre. Le prince se soumit ; fatigué cependant, au bout de quelques semaines, des déboires de sa position, il se disposait à retourner à Londres, lorsque l’offre de livrer Bordeaux aux Anglais vint modifier sa résolution et changer à son égard les dispositions de Wellington.

Bordeaux, port commercial de premier ordre, ancienne

  1. Lettre adressée de Saint-Jean-de-Luz par le duc de Wellington au comte Bathurst, n° 852 du Recueil des dépêches et des ordres du jour de ce général.