Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
— 1814 —

Korff, et du grand-duc Constantin, foudroyés par le canon et par la mitraille de près de cent pièces d’artillerie qui les battent, pour ainsi dire, en brèche, chargés sur tous leurs fronts par des masses énormes de cavalerie, ce ne fut ni le découragement ni la lassitude, mais la mort seule qui mit un terme à leur résistance. Sommés à différentes reprises, par les généraux russes et par Alexandre lui-même, de cesser le combat, presque tous se firent tuer plutôt que de rendre leurs armes. C’est là que périrent, aux cris de vive l’Empereur ! les 3,000 conscrits vendéens dont nous avons parlé[1]. Ce double combat de Fère-Champenoise, soutenu, en quelque sorte, sur le même terrain, et à moins d’une heure d’intervalle, par deux colonnes françaises parties de deux points différents et se dirigeant l’une et l’autre vers l’Empereur, fut un des plus meurtriers de la campagne ; il venait de nous coûter 10,000 hommes, 6 généraux pris ou tués, 60 pièces de canon et 350 caissons[2].

Le soir de cette journée (25 mars), Mortier et Marmont, que cette diversion venait de sauver, se retirèrent vers Sézanne, toujours luttant contre les troupes attachées à leur poursuite ; et, la nuit venue, ils prirent position sur les hauteurs d’Allement. Le 26 au matin, les deux maréchaux poursuivirent leur mouvement de retraite sur la basse Marne. Arrivés vers la fin

  1. Voyez page 269.
  2. Les gardes nationaux des deux divisions Pacthod et Amey appartenaient tous aux provinces de l’Ouest ou du Centre. Nous n’avons pu obtenir de renseignements que sur la composition de la seule division Pacthod ; elle comprenait quatre régiments divisés en huit bataillons : deux de ces bataillons avaient été fournis par le département de la Sarthe, deux autres par le département d’Eure-et-Loir, deux par celui du Loiret, un bataillon par le département de Loir-et-Cher, et un dernier bataillon par le département d’Indre-et-Loire. On lit, dans un rapport adressé au ministre de la guerre par le général Delort, commandant une des brigades de cette division : « Je ne saurais trouver d’expression pour caractériser la bravoure des gardes nationales sous mes ordres ; les épithètes de brave et d’héroïque dont tout le monde s’honore sont sans valeur et sans force pour donner une idée juste et précise de leur conduite. »