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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/311

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— 1814 —

dans l’abus des faciles plaisirs de cette double royauté, toute décision et toute énergie. Il n’avait fait que traverser Naples, dont il laissa le trône à Murat ; son inactivité et sa faiblesse doivent être comptées parmi les causes qui firent tomber de son front la couronne d’Espagne. Après sa rentrée en France, il vint un jour où, comme lieutenant général de l’Empire, il pouvait exercer une grande influence sur la fortune de sa famille ; ce jour-là, Joseph allait encore se trouver au-dessous de sa position.

Capitaine au régiment d’Orléans-dragons lors de la Révolution, chef du bureau topographique du ministère de la guerre sous la Convention, chargé de missions secrètes près des armées sous le Directoire, général de division sans avoir jamais commandé un régiment, Clarke devait son grade et le titre de duc de Feltre à l’adulation infatigable et à l’admiration exaltée dont il faisait profession pour l’Empereur. Il avait parcouru toute sa carrière militaire dans les bureaux ; commis exact,

    pris au sérieux les droits qu’il prétendait tenir de sa nomination, par l’Empereur son frère, au trône de Hollande. Le 1er juillet 1810, cédant à des motifs qui font honneur à son caractère, il avait abdiqué son éphémère couronne « en faveur de son fils Napoléon-Louis, et, à son défaut, en faveur de son second fils Charles-Louis-Napoléon. » Le 9, un décret impérial prononça la réunion de la Hollande à la France. Le 1er août, le roi démissionnaire, alors retiré à Tœplitz, protesta contre ce décret, « tant en son nom qu’au nom du jeune roi mineur, qui devait parvenir à sa majorité sans rien perdre des droits que dieu et la nation lui avaient donnés à la couronne, déclarant le décret de réunion nul et de nul effet, illégal, injuste aux yeux de Dieu et des hommes, et se réservant de faire valoir les droits de ses enfants mineurs aussitôt que les circonstances le permettraient. » La circonstance lui sembla venue en 1813, lors de la réunion du congrès assemblé à Prague, au mois de juillet, pour la pacification de l’Europe. Il saisit cette assemblée de sa protestation et de ses réclamations en faveur des droits de ses enfants. Sa démarche fut sans résultat. À cinq mois de là, le 29 novembre, lors du soulèvement de la Hollande et de la retraite des autorités et des troupes impériales, quand l’Empire penchait déjà vers sa ruine, Louis écrivit de Soleure aux magistrats d’Amsterdam, pour leur rappeler encore ses droits, lesquels étaient bien supérieurs à ceux de la maison d’Orange, disait-il, puisque le chef de cette maison avait formellement renoncé aux siens en recevant la principauté de Fulde à titre de dédommagement.